
Estelle Lagarde
La galerie se réjouit d’annoncer le retour d’Estelle Lagarde à Bruxelles afin de parcourir une dizaine de séries réalisées en près de vingt ans.
Née en 1973, à Châtenay-Malabry en Ile de France, Estelle est diplômée d’architecture en 2000 à Paris. Autodidacte, elle s’intéresse à la photographie depuis le milieu des années quatre-vingt-dix et s’y engage pleinement de manière artistique depuis 1996.
Avec « Calla » et « Niebla », Estelle commence à planter son univers tout d’abord en noir et blanc. Tout ce qui caractérise le travail de cette peintre utilisant à défaut de prendre le pinceau le medium photographique y est déjà patent : un amour des lieux abandonnés habités de créatures fantomatiques ; un œil absolu mis au service d’une imagination toute cinématographique.
« Femmes d’intérieur » marque ensuite son passage quasi exclusif à la couleur. « Contes sauvages » et « Hôpital », dans deux temporalités bien différentes, viennent être un premier aboutissement très remarqué de la poésie sauvage que ses mises en scène induisent.
Puis un séisme qui aboutit heureusement avec la publication en 2010 de La traversée imprévue aux éditions la Cause des livres, qui retrace quasi jour par jour textuellement comme visuellement avec les séries « Adénocarcinome », noir et blanc, et « 2440 », son expérience de la maladie, un cancer du sein.
Puis naîtront « Lundi matin » et « Maison d’arrêt », qui s’attardent sur des milieux carcéraux tant par leur architecture que par leur fonctionnement. Les lieux sont manifestement désaffectés, mais les visions semblent cruellement réelles.
En 2013-2014, Estelle Lagarde pose sa chambre dans un relais de poste pour lui redonner vie en signant « L’Auberge », autant de tableaux à l’humour plus ou moins grinçant et de tendres évocations de l’enfance. Nous avions exposé à l’hiver 2014 cette série, exposition éclipsée par la survenue des attaques terroristes à Paris.
Présentée à l’été 2017 au Monastère Royal de Brou pendant quatre mois, « De anima lapidum » renoue avec ce goût immodéré pour l’architecture classique et les trucages à grand renfort de figurants, moutons et chevaux compris.
Dans le même esprit, nous serons enfin heureuses de vous dévoiler des images inédites de sa dernière série intitulée « Au Château », qui continue à raconter les mondes parallèles d’Estelle Lagarde.
Parcourir les ruines enchantées, les palais réaffectés, les visions drolatiques et étranges, toutes séries confondues, un chemin de traverse aussi cohérent que merveilleusement sinueux, tel sera le programme à venir tout prochainement. Entre romantisme et dérision froide, il n’y aura pas à choisir, l’art ici à la carte est complet.